J’ai passé mon enfance dans le village d’Ixquisis, dans le district de San Mateo Ixctatán. Mon père s’est marié trois fois. Je suis issu de son dernier mariage. Au total, j’ai 23 frères et sœurs ! Mon père possédait du bétail ainsi qu’une plantation de café de 200 cuerdas (au Guatemala, cela correspond à env. 400 m2, c’est-à-dire 80 a ou 8 ha). Le café a donc toujours fait partie de ma vie. Étant né dans une famille nombreuse, je n’ai pu fréquenter l’école primaire que pendant un an. À partir de l’âge de neuf ans, j’ai en effet dû aider mon père à travailler. Je plantais de nouveaux caféiers, je désherbais, je participais à la récolte, et surtout au traitement par lavage. À l’époque, nous employions des moyens très rudimentaires pour peler les cerises des caféiers, les laver et les faire sécher au soleil. Nous vivions dans une cabane en bois misérable, sur un sol de terre battue. Le toit couvert de feuille de canne à sucre offrait une protection minime contre la pluie. Nous vivions à 12 personnes dans cette unique pièce. Ceux qui n’avaient pas de lit devaient dormir sur le sol. Ma mère faisait la cuisine sur un feu à même le sol. Elles n’avaient pas de poêles, seulement des pots en terre traditionnels des Mayas.